Le lait est l’un des aliments les plus consommés dans les pays occidentaux. Promu pendant des décennies comme un incontournable pour la croissance, la solidité des os et l’apport en calcium, il occupe une place centrale dans nos habitudes alimentaires, en particulier chez les enfants et les personnes âgées.
Mais aujourd’hui, de nombreuses voix scientifiques et naturopathiques remettent en question sa place dans une alimentation équilibrée. Alors, faut-il vraiment boire du lait pour rester en bonne santé ?
1. Le lait, un aliment destiné… au veau
Biologiquement, le lait de vache est un aliment produit pour nourrir un veau : riche en graisses, en protéines et en facteurs de croissance, il est conçu pour permettre à un veau de tripler son poids en quelques semaines.
Chez l’humain, la consommation de lait d’une autre espèce n’est ni naturelle ni indispensable, même si elle a été rendue possible par l’évolution culturelle et, dans certains cas, une adaptation génétique à la digestion du lactose. Etrangement, la capacité à digérer le lait est un gène récessif, les deux parents doivent le digérer pour transmettre cette capacité.
2. Lactose, caséine : pourquoi le lait est mal toléré par beaucoup
Le lactose
C’est le sucre du lait. Il est digéré grâce à une enzyme, la lactase, qui diminue naturellement après l’enfance chez une grande partie de la population mondiale, après le sevrage.
En France, 30 à 40 % des adultes auraient une tolérance réduite au lactose.
Dans le monde, près de 70 % de la population adulte est intolérante à des degrés divers (source : National Institutes of Health, 2020).
Les symptômes d’intolérance incluent : ballonnements, gaz, diarrhée, douleurs abdominales… Mais également maladies auto-immunes, psoriasis, eczéma etc.
La caséine
C’est la protéine principale du lait. Elle est très difficile à digérer pour beaucoup d’adultes et peut provoquer :
des réactions inflammatoires,
des troubles ORL chroniques,
des problèmes cutanés (eczéma, acné),
une perturbation du microbiote intestinal.
3. Le lait : pas la meilleure source de calcium ?
Le principal argument en faveur du lait reste son apport en calcium, essentiel à la santé osseuse. Un verre de lait de 200 ml apporte environ 240 mg de calcium.
Mais d’autres aliments en contiennent autant, voire plus, et avec une meilleure biodisponibilité (c’est-à-dire une meilleure absorption par l’organisme).
Alternatives riches en calcium (pour 100 g) :
Aliment | Calcium (mg) |
---|---|
Sardines en boîte avec arêtes | 400 à 500 mg |
Graines de sésame | 975 mg |
Amandes | 250 mg |
Chou kale cuit | 150 mg |
Brocolis cuits | 70 mg |
Figues sèches | 160 mg |
Eau minérale (type Hépar) | 550 mg/L |
Les sardines sont une excellente alternative : elles contiennent protéines, calcium, vitamine D et oméga-3, et sont hautement assimilables. Je considère la la sardine en boite comme un super aliments : acide gras polyinsaturé et calcium.
4. Apports recommandés et excès de calcium : attention danger
Apports recommandés (selon l’ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire) :
Adulte : 900 à 1 200 mg/jour
Adolescent : jusqu’à 1 200 mg/jour
Personne âgée : 1 200 mg/jour
Il est inutile de dépasser ces apports. Le calcium en excès (par compléments ou alimentation déséquilibrée) peut présenter des risques pour la santé : calcification des vaisseaux, des tendons etc.
Risques d’un excès de calcium :
Calculs rénaux (surtout avec une hydratation insuffisante)
Hypercalcémie (trop de calcium dans le sang)
Perturbation de l’absorption du fer et du magnésium
Potentiel lien avec les maladies cardiovasculaires
Augmentation du risque de certains cancers :
Cancer de la prostate chez l’homme (plus de 2 000 mg/jour de calcium alimentaire = +30 à 50 % de risque selon plusieurs études),
Cancers hormonodépendants (sein, ovaires) chez la femme (source : Harvard School of Public Health, 2018).
5. Que disent les recommandations officielles ?
Les recommandations nutritionnelles évoluent :
L’OMS ne considère pas le lait comme indispensable, mais plutôt comme un aliment optionnel.
De nombreux experts recommandent de varier les sources de calcium (notamment végétales) et de réduire les produits laitiers en cas de troubles digestifs, cutanés ou inflammatoires.
6. En naturopathie : individualiser, pas interdire systématiquement
En naturopathie, on ne diabolise pas systématiquement les produits laitiers. Tout dépend :
de votre terrain (inflammatoire, atopique, digestif),
de votre tolérance personnelle,
de votre équilibre alimentaire global.
Les laitages peuvent être modérés, préférés fermentés, et idéalement non industriels, mais ils ne sont pas nécessaires à une bonne santé osseuse ou immunitaire.
Conclusion
Le lait n’est pas un poison, mais il n’est pas non plus un aliment magique.
Sa place dans l’alimentation devrait être réfléchie, modérée, et jamais systématique. Il existe de nombreuses alternatives riches en calcium, souvent mieux tolérées, comme les sardines, les légumes verts, les oléagineux et les eaux minérales calciques.
En cas de doute, n’hésitez pas à faire le point avec un professionnel de santé ou à demander un bilan naturopathique personnalisé, adapté à votre digestion, votre mode de vie et votre terrain.
Références :
ANSES : www.anses.fr
National Institutes of Health (NIH), Lactose Intolerance, 2020
Harvard T.H. Chan School of Public Health – Dairy and Cancer Risk
FAO/OMS : Human vitamin and mineral requirements
