Tendinite ou tendinopathie : Comprendre la douleur du tendon pour mieux la traiter

Une douleur qui m’a fait réfléchir

Ma réflexion sur la tendinite a commencé avec une expérience personnelle : une tendinite du tenseur du fascia lata (TFL) droit, au niveau de sa terminaison, connue sous le nom de syndrome de l’essuie-glace, très fréquent chez les coureurs et cyclistes. Cette douleur apparaissait systématiquement au 4ᵉ kilomètre de ma course. C’était comme un coup de couteau du côté externe du genou droit, suivi d’une boiterie au retour.

Le repos, pourtant recommandé, n’a rien changé : après deux semaines d’arrêt complet, la douleur revenait toujours au même endroit, au même moment. Seule une reprise progressive et dosée de l’effort a réussi à venir à bout de cette douleur. Cette expérience a été le point de départ d’une remise en question profonde des idées reçues sur la tendinite et sa prise en charge.

Qu’est-ce qu’un tendon ?

Le tendon est une structure fibreuse qui relie un muscle à un os. Il agit comme une corde solide, transmettant la force musculaire pour permettre le mouvement. Par exemple, le tendon d’Achille, le tendon rotulien ou celui du biceps sont des structures bien connues. Mais tous les tendons du corps peuvent être sujets à des douleurs.

Le tendon ne sert pas uniquement à transmettre la force : il agit aussi comme un ressort capable d’absorber et de restituer de l’énergie, ce qui est crucial dans les mouvements rapides ou répétitifs.

Tendinite : une vision dépassée

Pendant longtemps, la tendinite a été considérée comme une inflammation du tendon. Le traitement classique reposait sur :

  • Le repos : arrêter l’activité pour laisser le tendon guérir.

  • La glace : pour diminuer la douleur et l’inflammation, mais qui paradoxalement diminuait la vascularisation, limitant la guérison.

  • Les étirements et massages : pour soulager la douleur et améliorer la circulation sanguine.

  • Les anti-inflammatoires : pour réduire l’inflammation et la douleur.

  • Les ultras sons qui augmentait la vascularisation 

Pourtant, cette approche ne fonctionnait pas toujours. Beaucoup de patients, comme moi, voyaient la douleur revenir après la reprise de l’activité. Tout ça pour rien !! sans oublier l’arrêt du sport qui soit, supprimait la douleur mais s’en suivant une baisse considérable des performances, une double peine. 

Pourquoi ?

Parce que la tendinite n’est souvent pas une inflammation classique. En réalité, il s’agit plutôt d’une tendinopathie, un terme qui reflète mieux la complexité du problème : une souffrance du tendon liée à la présence de tissus sain et de tissus mort cicatriciel.

Tendinopathie : comprendre la réalité du tendon qui souffre

Les études récentes montrent que dans la majorité des cas, il n’y a pas de marqueurs inflammatoires classiques dans le tendon douloureux. La douleur est plus liée à un processus de cicatrisation incomplète, avec des zones de cellules mortes et des tissus abîmés.

Le changement de paradigme

  • Le tendon n’est pas simplement enflammé, il est souvent dégénéré localement.

  • Le repos total peut aggraver la situation en diminuant la capacité du tendon à s’adapter.

  • La douleur est un signal, mais pas toujours un signe d’aggravation.

  • La clé est la remise en charge progressive pour stimuler la réparation et renforcer le tendon.

L’apport fondamental de Stanish et Jill Cook

Dans les années 70, Stanish a proposé un protocole basé sur le renforcement progressif du tendon, notamment par des exercices excentriques (contraction du muscle pendant son allongement) en augmentant graduellement la charge pour améliorer les performances. Ce protocole a montré qu’en renforçant le tendon, on pouvait diminuer la douleur et améliorer la fonction. En fait, il travaillait avec la santé, en augmentant les capacités des tissus sains.

Cependant, ce protocole a été souvent simplifié à l’extrême, réduisant la prise en charge à un seul type d’exercice, ce qui limite son efficacité.

Plus récemment, Jill Cook a modélisé le tendon en le comparant à un donut en distinguant :

  • Les cellules saines, capables de s’adapter et de se renforcer sous contrainte progressive.

  • Les cellules mortes, qui ne peuvent pas être « ressuscitées », représentées par le trou du donut

Elle recommande de « traiter le donut, pas le trou du donut » : c’est-à-dire travailler sur le tissu sain autour de la lésion plutôt que de s’acharner à calmer une inflammation qui n’existe plus.

Comment rééduquer un tendon douloureux ?

Le protocole Peace and Love (Clinique du Coureur)

Ce protocole propose quatre étapes clés pour une reprise adaptée :

  1. Protection : éviter d’aggraver la blessure.

  2. Élévation : favoriser le retour sanguin et lymphatique.

  3. Activation cardiovasculaire : stimuler la circulation pour nourrir les tissus.

  4. Optimal Loading (charge optimale) : remettre progressivement le tendon sous contrainte.

Les critères pour doser la charge

  • La douleur pendant l’effort doit rester modérée (1 à 3/10 sur l’échelle visuelle analogique).

  • La douleur doit disparaître à l’arrêt du mouvement.

  • La douleur au lendemain de la séance doit être faible (moins de 2/10).

  • Il ne doit pas y avoir de gonflement local.

Si ces critères ne sont pas respectés, il faut ajuster la charge pour éviter d’aggraver la blessure.

Le rôle clé de l’ostéopathe

L’ostéopathe joue un rôle essentiel dans la prise en charge des tendinopathies :

  • Identifier les causes mécaniques ou posturales qui surchargent le tendon.

  • Aider à rééquilibrer le corps pour réduire les contraintes excessives.

  • Accompagner le patient dans la compréhension de sa douleur.

  • Conseiller et guider la reprise progressive de l’activité.

En résumé

  • La tendinite est souvent une tendinopathie, un problème de cicatrisation et d’adaptation, pas une inflammation.

  • Le repos total n’est pas la solution ; il faut une remise en charge progressive et adaptée.

  • La douleur est un indicateur précieux, mais elle ne doit pas empêcher toute activité.

  • L’accompagnement par un professionnel formé est indispensable pour une récupération durable.

Conclusion

Changer notre regard sur la tendinite, c’est offrir à nos patients une meilleure compréhension de leur douleur et des solutions plus efficaces. Chaque tendon, chaque patient, chaque histoire est unique : la prise en charge doit donc être personnalisée et progressive.

Si vous souffrez de douleurs tendineuses, n’hésitez pas à consulter un ostéopathe ou un kinésithérapeute spécialisé. Ensemble, vous pourrez définir la meilleure stratégie pour retrouver votre mobilité et votre confort.

Conseils pratiques pour mieux gérer une tendinopathie

Voici quelques recommandations simples et efficaces pour accompagner la guérison de votre tendon, en complément d’un suivi professionnel :

1. Respectez la règle de la douleur tolérable

  • Pendant l’effort, la douleur doit rester modérée (idéalement entre 1 et 3/10 sur l’échelle de la douleur).

  • Si la douleur dépasse 4/10 ou persiste après l’effort, réduisez l’intensité ou la durée de l’activité.

2. Privilégiez la régularité à l’intensité

  • Mieux vaut pratiquer des exercices adaptés plusieurs fois par semaine, plutôt qu’une seule séance intense.

  • La progression doit être lente et régulière : augmentez la charge ou la durée par petites étapes.

3. Évitez le repos complet prolongé

  • L’immobilisation totale affaiblit le tendon et retarde la guérison.

  • Maintenez une activité adaptée, même légère, pour stimuler la cicatrisation.

4. Surveillez les signes d’alerte

  • Arrêtez l’activité en cas de gonflement, de rougeur, ou de douleur aiguë et persistante.

  • Consultez rapidement si la douleur s’aggrave ou si d’autres symptômes apparaissent.

5. Adoptez une hygiène de vie favorable à la récupération

  • Dormez suffisamment : le sommeil favorise la réparation des tissus.

  • Adoptez une alimentation variée et équilibrée, riche en protéines et en antioxydants.

  • Hydratez-vous correctement.

6. Ne négligez pas l’échauffement et la récupération

  • Avant l’effort, prenez le temps de vous échauffer progressivement.

  • Après l’activité, pratiquez des étirements doux et des exercices de mobilité.

7. Faites-vous accompagner

  • Un ostéopathe ou un kinésithérapeute pourra vous guider dans la reprise de l’activité, adapter les exercices et corriger les éventuels déséquilibres.

  • N’hésitez pas à demander un bilan personnalisé pour mieux comprendre l’origine de votre douleur.

En appliquant ces conseils et en restant à l’écoute de votre corps, vous mettez toutes les chances de votre côté pour une récupération durable et la prévention des récidives.

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