Spoiler : dans bien moins de cas que vous ne l’imaginez.
📸 L’IRM : un outil rassurant… mais pas systématique
Lorsqu’on souffre du dos, on espère souvent que l’IRM apportera enfin des réponses claires. On veut “voir” d’où vient la douleur. Pourtant, dans la majorité des cas, cet examen n’apporte ni diagnostic utile, ni solution concrète. Pire, il peut parfois générer plus d’inquiétudes que de soulagement.
🎯 À quoi sert vraiment une IRM lombaire ?
L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) permet de visualiser les tissus mous : disques intervertébraux, nerfs, ligaments, moelle épinière. C’est un examen très sensible, mais qui n’explique pas toujours pourquoi vous avez mal.
Pourquoi ?
Parce qu’une IRM détecte souvent des anomalies banales, présentes aussi chez des personnes sans douleur :
Hernies discales asymptomatiques
Protrusions ou dégénérescences discales
Arthrose « normale » avec l’âge
👉 La douleur n’est pas toujours visible sur une image. Elle dépend aussi de votre posture, de vos habitudes, de votre état de stress, et de votre mobilité.
✅ Les 8 indications claires et reconnues pour faire une IRM lombaire :
Traumatisme
Chute, accident, choc direct au dos.Suspicion ou antécédent de cancer
Pour rechercher une atteinte osseuse ou neurologique.Signes d’infection
Fièvre, fatigue, douleurs diffuses, frissons, perte de poids.Immunodépression
Liée à une maladie chronique ou un traitement (ex : corticoïdes, chimiothérapie).Radiculopathie persistante > 6 semaines
Douleurs irradiantes (sciatique, cruralgie), perte de force ou de sensibilité dans un membre.Syndrome de la queue de cheval (urgence)
Troubles moteurs des jambes, incontinence urinaire/selles, engourdissement du périnée.Douleurs persistantes après chirurgie du dos
En cas de suspicion de complication ou de récidive.Échec du traitement conservateur
Si, malgré plusieurs semaines de prise en charge (kiné, ostéopathie, médication), la douleur persiste fortement.
❌ Pourquoi éviter l’IRM quand ce n’est pas justifié ?
Parce que c’est anxiogène
L’IRM montre souvent des anomalies sans rapport avec la douleur réelle. Lire « protrusion discale », « arthrose », « dégénérescence » peut inquiéter inutilement.Parce que ça ne change pas la prise en charge
Dans 80 % des cas de lombalgies, la douleur est mécanique, fonctionnelle et réversible. Le traitement reste le même : bouger, renforcer, corriger les habitudes posturales.Parce que l’examen clinique suffit
Un bilan bien mené par un professionnel (kiné, ostéopathe, médecin) permet souvent d’identifier la cause fonctionnelle de la douleur sans imagerie.
Ce que montrent les études sur l’IRM… même sans douleur
En 2015, les recherches menées par Brinjikji et al. ont bouleversé notre compréhension de l’imagerie médicale du dos.
🔍 L’expérience :
IRM, scanners et radiographies ont été réalisés sur des personnes asymptomatiques, c’est-à-dire sans douleur lombaire.
📈 Résultats :
Le pourcentage d’anomalies (arthrose, hernie discale, spondylolisthésis) augmente avec l’âge, même chez ceux qui ne ressentent aucune douleur.
À 30 ans → 30 % ont une hernie ou de l’arthrose
À 80 ans → 80 % présentent ces mêmes anomalies
❗ Ce qu’il faut comprendre :
Une IRM positive (hernie, arthrose, etc.) n’explique pas forcément la douleur
Ces signes sont souvent des facteurs de risque, pas des causes certaines
Le temps qui passe et la génétique sont les principaux moteurs de ces changements
🧠 Et le mode de vie ?
Vos habitudes jouent un rôle important dans la gestion de votre dos :
🚬 Tabac
🍷 Alcool
🧘♀️ Activité physique régulière
🪑 Sédentarité
🏋️ Mauvaises techniques de mouvement
💊 Prise de substances ou traitements
Ils influencent directement la douleur, la récupération et la prévention des rechutes.
✅ À retenir :
Une image n’est pas une condamnation.
Elle doit toujours être interprétée en contexte clinique, et jamais seule.
🔄 Ce qu’une IRM ne vous dira jamais :
Comment vous bougez
Pourquoi certaines postures déclenchent la douleur
Ce qui vous soulage réellement
Comment adapter votre quotidien pour aller mieux
👉 Ce sont des réponses que seul un bilan clinique et fonctionnel peut apporter.
🏃 Ce qui soulage durablement : le mouvement
La meilleure “ordonnance” pour le dos n’est pas toujours une IRM.
C’est souvent :
✔ Un accompagnement par un professionnel compétent
✔ Une reprise de mouvement progressive
✔ Des explications claires sur la douleur
✔ De la confiance dans son corps
🧩 En conclusion
L’IRM est un outil puissant… mais ce n’est pas une baguette magique.
Elle peut être précieuse dans certaines situations bien définies, mais elle ne doit pas devenir un réflexe systématique dès qu’on a mal au dos.
La douleur lombaire est multifactorielle, souvent liée à notre posture, notre mode de vie, nos tensions musculaires ou émotionnelles.
Ce n’est pas une image qui vous soulagera, mais la compréhension de votre douleur, un accompagnement adapté, et le mouvement.
Avant de courir vers une IRM, faites confiance à une évaluation clinique rigoureuse.
Un professionnel compétent saura vous dire si cet examen est utile… ou simplement rassurant, mais superflu.
Parce que dans la majorité des cas, ce n’est pas l’IRM qui soigne : c’est vous.
Pour aller plus loin : En 2015, les études de Brinjikji ont bouleversé cette vision de l’imagerie
Points clés à retenir sur la hernie discale et l’imagerie
Les anomalies discales sont fréquentes chez les personnes sans douleur : Les études de Brinjikji montrent qu’une grande partie de la population asymptomatique présente des signes de discopathie, bombement ou protrusion à l’IRM, même dès 20-30 ans, et cette fréquence augmente avec l’âge.
Découverte d’une anomalie à l’IRM ≠ douleur : La présence d’une hernie, d’un bombement ou d’une dégénérescence discale sur l’imagerie n’implique pas forcément qu’elle soit responsable des symptômes. Beaucoup de personnes vivent avec ces anomalies sans ressentir de douleur.
Pas de tableau aussi détaillé pour les personnes douloureuses : Contrairement aux asymptomatiques, il n’existe pas de tableau de prévalence aussi précis et par tranche d’âge pour les personnes en crise douloureuse. La proportion d’anomalies y est plus élevée, mais sans corrélation systématique entre la taille ou la gravité de la lésion et l’intensité de la douleur.
Le vieillissement du disque est un phénomène naturel : La dégénérescence, la perte de signal ou de hauteur discale et les bombements sont des évolutions normales du disque au fil du temps.
L’imagerie doit être interprétée à la lumière de la clinique : La prise en charge doit toujours tenir compte des symptômes, de l’examen physique et du vécu du patient, et non se baser uniquement sur les résultats de l’imagerie.
Rassurer et informer : Il est essentiel de dédramatiser la découverte d’une anomalie à l’IRM, d’expliquer que la majorité des hernies évoluent favorablement, souvent sans intervention, et que le mouvement et la confiance dans le corps sont des piliers de la récupération.
Individualiser la prise en charge : Chaque patient est unique. L’écoute, l’éducation thérapeutique et l’accompagnement pluridisciplinaire sont essentiels pour optimiser la récupération et éviter la chronicisation.
