On nous a tous répété un jour qu’il fallait se tenir bien droit pour éviter d’avoir mal au dos. Redresse-toi ! Ne te tiens pas voûté ! Plie les genoux pour soulever une charge ! Ces injonctions sont devenues des réflexes dans notre société. Pourtant, les dernières recherches scientifiques remettent sérieusement en question ces idées reçues.
Des physiothérapeutes australiens de l’Université Curtin – Peter O’Sullivan, Leon Straker et Nic Saraceni – ont publié un article passionnant qui démonte ce mythe : la posture, en soi, n’est pas responsable du mal de dos. Voici pourquoi.
La posture, un faux coupable ?
La croyance selon laquelle il existerait une « bonne posture » pour éviter les douleurs dorsales est profondément ancrée. Elle est diffusée par les professionnels de santé, les ergonomes, les campagnes de prévention… Pourtant, les preuves scientifiques solides manquent cruellement.
En réalité, que vous soyez assis bien droit ou légèrement affaissé, debout cambré ou le dos rond : aucune posture unique n’a été scientifiquement prouvée comme plus « sûre » ou « protectrice » pour le dos. Le lien entre posture et douleur est beaucoup plus complexe, voire inexistant dans la majorité des cas.
Ce que disent les études
Les chercheurs ont analysé des dizaines d’études, chez les adolescents comme chez les adultes. Résultat : aucune corrélation claire entre une posture dite « mauvaise » (affalée, voûtée, etc.) et l’apparition de douleurs dorsales.
Autre fait surprenant : dans une étude menée en milieu professionnel, ceux qui soulevaient les charges avec le dos rond (soit à l’opposé des recommandations habituelles) avaient moins de douleurs lombaires que ceux qui suivaient scrupuleusement les conseils d’ergonomie.
Alors, d’où vient le mal de dos ?
Dans 90 % des cas, le mal de dos n’est pas lié à une lésion identifiable (pas de hernie, pas de fracture, pas de maladie). C’est une douleur réelle, mais qui a davantage à voir avec la sensibilisation du système nerveux, l’état général de santé et… le mode de vie.
Des facteurs connus augmentent le risque ou aggravent la douleur :
- le stress et l’anxiété,
- le manque de sommeil,
- la fatigue chronique,
- la sédentarité,
- la peur du mouvement ou du « faux geste ».
Quand on surprotège son dos, qu’on évite les mouvements ou qu’on reste figé dans une posture, on aggrave souvent la situation au lieu de l’améliorer.
Ce qui fonctionne vraiment
Plutôt que de corriger sa posture à tout prix, mieux vaut :
- Bouger régulièrement (marche, natation, yoga, etc.)
- Varier les positions au fil de la journée
- Renforcer la confiance en son dos
- Dormir suffisamment
- Maintenir un bon équilibre entre activité et repos
- Prendre soin de sa santé mentale
Et surtout, ne pas hésiter à consulter un professionnel qui adopte une approche globale, bienveillante et individualisée, comme un ostéopathe, un kinésithérapeute ou un médecin sensibilisé à ces enjeux.
En conclusion
Le mal de dos est souvent multifactoriel. Plutôt que de diaboliser une posture ou un mouvement, il est temps d’adopter une vision plus nuancée, plus humaine. Le dos est fort, adaptable, et il aime qu’on lui fasse confiance.
Alors, redressez-vous… si vous en avez envie. Sinon, détendez-vous, respirez, bougez… et prenez soin de vous.