Maladie de Parkinson : et si tout commençait dans l’intestin ?

Et si l’intestin jouait un rôle central dans l’apparition de la maladie de Parkinson ? Longtemps considérée comme une pathologie purement neurologique, cette maladie pourrait en réalité débuter… dans le ventre.

Une étude récente publiée dans Nature Communications (novembre 2023), relayée par Sciences et Avenir, vient confirmer ce lien, en montrant que les personnes atteintes de Parkinson présentent un déséquilibre important du microbiote intestinal. Décryptage.


🔍 Une intuition ancienne qui se confirme

En 2003, le neurologue allemand Heiko Braak formule une hypothèse encore jugée audacieuse à l’époque : la maladie de Parkinson pourrait naître dans le système digestif, avant de progresser vers le cerveau via le nerf vague — une sorte d’autoroute neuronale reliant les intestins au tronc cérébral.

Depuis, les études se multiplient et convergent :

  • En 2017, des chercheurs suédois montrent que les personnes ayant subi une vagotomie (section du nerf vague) ont moins de risques de développer Parkinson.
  • Les troubles digestifs chroniques (constipation, ballonnements, inflammation) précèdent souvent de plusieurs années les symptômes moteurs (tremblements, raideur).

🦠 Un microbiote profondément déséquilibré

Dans la dernière étude de l’Université de l’Alabama, les chercheurs ont comparé les microbiotes intestinaux de 490 patients parkinsoniens et de 230 témoins sains, dont beaucoup étaient les conjoints des malades.

Les résultats sont sans appel :

  • Une surabondance de bactéries pathogènes opportunistes ;
  • Une diminution des bactéries bénéfiques, notamment celles impliquées dans la régulation de l’inflammation ;
  • Un microbiote globalement plus inflammatoire et déséquilibré chez les patients.

Cette composition intestinale pourrait favoriser un climat inflammatoire chronique, propice à des désordres neurologiques.


🔬 Une piste biologique : la protéine α-synucléine

Un autre marqueur clé de Parkinson est la protéine α-synucléine, qui s’agglutine de façon anormale dans les neurones des patients.

Or, des études montrent que cette protéine peut s’accumuler dans l’intestin avant d’atteindre le cerveau. Pire : certaines bactéries, comme E. coli, produisent des protéines amyloïdes bactériennes, qui favorisent l’agrégation pathologique de l’α-synucléine. Ce phénomène pourrait initier la cascade neurodégénérative.


💊 Le microbiote influe aussi sur les traitements

La L-Dopa, molécule phare du traitement de Parkinson, est censée atteindre le cerveau via la circulation sanguine. Mais là encore, le microbiote peut interférer. Des bactéries comme Enterococcus faecalis ou Eggerthella lenta sont capables de dégrader la L-Dopa dans l’intestin, diminuant son efficacité thérapeutique.

Mieux comprendre et rééquilibrer le microbiote pourrait donc améliorer la réponse aux traitements, en plus de ralentir l’évolution de la maladie.


🌿 Ce que cela change pour nous, praticiens en santé naturelle

Ces découvertes sont essentielles pour les ostéopathes et naturopathes, car elles valident une vision globale et systémique de la santé.

🟢 En prévention

  • Identifier et prendre au sérieux les troubles digestifs chroniques (constipation, inflammation, dysbiose)
  • Proposer des approches douces pour rééquilibrer le microbiote (probiotiques, prébiotiques, alimentation hypotoxique)

🟢 En accompagnement

  • Travailler sur l’axe intestin-cerveau par des soins ostéopathiques et des conseils nutritionnels
  • Favoriser un terrain anti-inflammatoire par les plantes, les oméga-3, les fibres, et une alimentation vivante
  • Adapter l’hygiène de vie pour optimiser l’assimilation des traitements (en réduisant les bactéries « parasites » de la L-Dopa)

🧩 En résumé

  • Le microbiote intestinal des patients parkinsoniens est altéré ;
  • Ce déséquilibre favorise l’inflammation chronique et la formation de protéines anormales ;
  • Il réduit l’efficacité des traitements ;
  • Il représente désormais une cible thérapeutique crédible.

👉 Une santé intestinale équilibrée n’est plus seulement bénéfique pour la digestion, mais devient un levier fondamental de santé cérébrale. Et cela, la naturopathie le défend depuis toujours.


🔗 Sources :

  • Article de Sciences et Avenir (16 février 2023)
  • Étude publiée dans Nature Communications (15 novembre 2023)
  • Université de l’Alabama, UAB School of Medicine

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