Comprendre le phénomène
La dégénérescence discale lombaire n’est pas une maladie à proprement parler, mais un processus naturel de vieillissement du rachis. Avec l’âge, les disques intervertébraux — ces coussinets situés entre les vertèbres — se déshydratent, s’amincissent et perdent progressivement leur élasticité. Ils absorbent alors moins efficacement les chocs et sollicitent davantage les structures environnantes telles que les articulations, les ligaments et les muscles.
« Ceux qui n’ont pas de dégénérescence discale sont morts à 20 ans. »
Cette formule, un peu provocante mais réaliste, souligne que ce phénomène est le reflet du temps qui passe. Cependant, la façon dont il se manifeste varie énormément d’une personne à l’autre. Chez certains, il passe totalement inaperçu. Chez d’autres, il s’accompagne de douleurs, de raideurs ou d’une perte de mobilité.
Il est également essentiel de noter que la présence de signes radiologiques de dégénérescence discale n’est pas systématiquement corrélée à la douleur ou à la gêne fonctionnelle. De nombreuses études montrent que l’on retrouve des anomalies discales chez des personnes totalement asymptomatiques (Brinjikji et al., 2015).
Ce qui aggrave l’usure des disques
Bien que le vieillissement soit inévitable, notre mode de vie moderne peut accélérer l’usure naturelle des disques intervertébraux. Plusieurs facteurs ont été identifiés :
Surcharge mécanique : Le port de charges lourdes, les gestes répétitifs ou un travail physique exigeant créent des pressions mécaniques excessives sur la colonne.
Sédentarité : Le manque d’activité physique affaiblit les muscles profonds du dos, essentiels au maintien vertébral et à la répartition des charges.
Surpoids : L’excès de poids accentue la pression continue sur les lombaires, accélérant leur usure.
Mauvaises postures prolongées : Être assis avachi, debout figé ou mal allongé perturbe l’équilibre global du dos et majore les contraintes sur les disques.
Tabac : Le tabagisme diminue la circulation sanguine vers les disques, freinant leur nutrition et leur régénération (Drevet, 1990).
Alimentation déséquilibrée : Un apport insuffisant en nutriments essentiels (protidés, vitamines, minéraux, acides gras essentiels) limite la capacité de réparation des tissus.
Changements hormonaux : Notamment chez la femme à la ménopause, la diminution des œstrogènes peut accélérer la dégénérescence discale.
Facteurs génétiques : Certaines personnes présentent une prédisposition familiale à la dégénérescence discale précoce.
Antécédents de traumatismes : Les chocs, chutes ou microtraumatismes répétés fragilisent les disques à long terme.
Ce que peut faire l’ostéopathie
L’ostéopathie ne prétend pas « reconstruire » un disque, mais elle peut jouer un rôle important dans la prise en charge des symptômes et la prévention de l’aggravation.
Par des techniques manuelles douces et adaptées, l’ostéopathe peut :
Soulager la douleur en réduisant les tensions mécaniques locales et en améliorant la mobilité des structures environnantes.
Détendre les muscles sursollicités ou contractés, ce qui diminue la pression sur les disques.
Harmoniser les appuis et les mouvements du corps pour répartir les contraintes de manière plus équilibrée.
Conseiller sur la correction des postures et l’adoption de gestes protecteurs au quotidien.
Proposer des exercices de renforcement ciblés, notamment pour la sangle abdominale et les muscles profonds du dos.
L’ostéopathie a également un rôle préventif en aidant chaque patient à mieux comprendre son corps et à adopter des habitudes favorables à la santé de sa colonne vertébrale.
L’apport de la naturopathie
La naturopathie complète cette approche en agissant sur le terrain global du patient afin de ralentir l’usure et de soutenir la régénération naturelle des tissus.
Elle intervient sur plusieurs axes :
Alimentation : Optimiser l’apport en nutriments essentiels (protidés, calcium, magnésium, vitamine D, oméga-3, antioxydants) favorise la santé des disques et des tissus conjonctifs.
Gestion du poids : Maintenir un poids santé réduit la pression mécanique sur les disques.
Gestion du stress : Le stress chronique augmente les tensions musculaires et l’inflammation. Des techniques naturelles (respiration, cohérence cardiaque, phytothérapie) peuvent aider à mieux le gérer.
Hydratation : Une bonne hydratation est essentielle pour la souplesse et la nutrition des disques intervertébraux, qui sont composés à plus de 80% d’eau chez l’adulte jeune.
Activité physique adaptée : Bouger régulièrement, pratiquer des exercices d’assouplissement et de renforcement, favorise la nutrition des disques et le maintien de la mobilité.
Les bons réflexes à adopter
Protéger sa colonne vertébrale ne nécessite pas de révolutionner sa vie. Des ajustements simples et réguliers ont un impact réel sur la prévention et le confort :
Bouger chaque jour : marche, gainage doux, natation, yoga…
Soigner sa posture, notamment au travail (ergonomie du poste, pauses actives).
Apprendre à soulever correctement les charges (dos droit, jambes fléchies, charge près du corps).
Maintenir un poids stable et adapté à sa morphologie.
Manger varié, frais, coloré et riche en nutriments.
Boire suffisamment d’eau, tout au long de la journée.
Prendre le temps de respirer, relâcher les tensions, méditer.
Consulter régulièrement un ostéopathe et un naturopathe pour un suivi personnalisé et préventif.
En conclusion
La dégénérescence discale n’est ni une maladie, ni une anomalie : c’est un marqueur naturel du temps qui passe. Elle peut cependant devenir inconfortable, douloureuse, voire invalidante si elle est négligée.
Heureusement, il existe des solutions naturelles, efficaces et personnalisées pour ralentir son évolution, soulager les symptômes et préserver sa mobilité.
L’approche combinée de l’ostéopathie et de la naturopathie permet une prise en charge globale, respectueuse du corps, durable dans le temps… et profondément humaine.
Références
Rouch P, Skalli W. Biomécanique du disque lombaire normal et pathologique. Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, 2015, 199(8-9), 1335-1343.
Brinjikji W, et al. Systematic Literature Review of Imaging Features of Spinal Degeneration in Asymptomatic Populations. AJNR Am J Neuroradiol. 2015 Apr;36(4):811-6.
Drevet JG. Les pressions intradiscales lombaires in vivo. Fr. Biophys. Med. Nucl., 1990.
Chagnon A. Étude biomécanique de la dégénérescence du disque intervertébral lombaire. Polytechnique Montréal, 2009.
Adams MA, Roughley PJ. What is intervertebral disc degeneration, and what causes it? Spine (Phila Pa 1976). 2006 Aug 15;31(18):2151-61.